Les avocats du net

 
 


 

Actualités

vendredi 14 octobre 2011
Facebook Viadeo Linkedin

Pierre Fabre Dermo-Cosmétique : la CJUE invalide l’interdiction de vente sur internet

 

Par une décision du 13 octobre 2011, le Cour de justice de l’Union européenne confirme qu’une clause d’un accord de distribution sélective de Pierre Fabre Dermo-Cosmétique interdisant la vente sur internet de produits de cosmétique et d’hygiène corporelle constitue une restriction de concurrence. Elle approuve l’Autorité de la concurrence qui avait conclu, dans une décision du 29 octobre 2008, que l’interdiction faite par le laboratoire à ses distributeurs agréés de vendre ses produits sur internet était contraire au droit de la concurrence.

Pierre Fabre Dermo-cosmétique avait fait appel de la décision de l’Autorité et la cour de Paris avait introduit un recours préjudiciel auprès de la CJUE pour savoir si une interdiction générale et absolue de vente en ligne constitue une restriction de la concurrence « par objet », si un tel accord peut bénéficier d’une exemption par catégorie, et dans le cas où celle-ci n’est pas applicable, s’il peut bénéficier d’une exemption individuelle.

Pour conclure à une restriction de la concurrence par « objet », la Cour s’est demandé si, comme le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) le prévoit, la clause de l’accord contient une justification objective à l’interdiction de la vente en ligne par rapport aux propriétés du produit. Elle a estimé que l’exigence d’une vente de produits cosmétiques dans un espace physique en présence d’un pharmacien diplômé n’était pas justifiée dans le cadre de médicaments qui ne sont pas soumis à prescription médicale. Elle ajoute que cette prohibition a pour effet de réduire considérablement la possibilité d’un distributeur agréé de vendre les produits en question aux clients situés en dehors de son territoire contractuel ou de sa zone d’activité.
La Cour s’est également prononcée négativement sur la possibilité d’exemption de l’accord aux restrictions de concurrence prévues par l’article 101 du TFUE. Cet accord de distribution sélective ne peut pas bénéficier d’une exemption par catégorie car celle-ci ne peut s’appliquer à des accords verticaux ayant pour objet la restriction des ventes actives ou passives aux utilisateurs finals désireux d’acheter sur internet et localisés en dehors de la zone de chalandise physique de détaillants autorisés. Mais la Cour ajoute qu’une telle convention peut bénéficier d’une exemption individuelle si les conditions prévues à l’article 101, paragraphe 3 du TFUE, sont remplies.